Les élections législatives ont eu lieu le dimanche 6 mai au Burkina Faso. Cette fois ci. Il y eu :
– 4 466 778 électeurs inscrits, pour l’élection de 111 députés.
– 3.748 candidats de 47 partis et formations politiques ont sollicites les suffrages de 4 466 354 électeurs.
– 12.605 bureaux de vote ont été installés.
L’élection a été disputée sur un seul tour à la représentation proportionnelle avec répartition aux plus forts restes.
Malheureusement, les suffrages exprimés ont du mal à refléter la réalité du terrain, car ces élections législatives étaient entachées de beaucoup d’irrégularités . De nombreux cas de fraudes ont été signalés aussi bien par les observateurs (plus de 4000 accréditations) que les partis politiques.
Des formations politiques ont continué la campagne électorale le jour du scrutin. Des jugements supplétifs d’acte de naissance ont été massivement utilisés pour voter pratiquement dans tous les bureaux de vote. Ces documents ont été spécialement établis pour favoriser la fraude. Ces actes de naissance étaient tout neufs, ils venaient d’être faits, certains actes de naissance étaient sans cachet alors que le Code des personnes et de la famille punit ce genre de comportements de la part d’officiers d’état civil. Les autorités politiques, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), et mêmes les candidats, tout le monde l’a constaté. De même, le taux élevé de cartes d’électeurs non retirées a permis que les reliquats des cartes d’électeurs soit frauduleusement soutirées à quelques heures du scrutin en vue d’établir des actes de naissance correspondant à ces cartes pour utilisation avec des dates de signature qui se trouvent être des jours non ouvrables. Des centaines de cartes d’électeurs ont été distribuées le jour même du scrutin. Des cartes d’électeurs étaient même en vente à Ouahigouya. D’ailleurs, des personnes ont été convoyées des villages. Elles étaient en possession de vraies cartes d’électeurs avec des jugements supplétifs d’actes de naissance faux. Certaines cartes ont été retirées par les partis d’opposition, car à l’appel des noms ils se sont rendus compte que les intéressés ne reconnaissaient même pas les noms par lesquels on les appelait. A Koudougou, par exemple, la ville avait été envahie par des cars d’étudiants convoyés depuis Ouagadougou pour des votes frauduleux.
Il est également à noter le tripatouillage des bulletins de vote pendant le dépouillement et le rajout de noms fictifs d’électeurs suivi du bourrage d’urnes. Il arrive que les représentants des partis politiques soient absents des bureaux de vote pendant le dépouillement ou qu’ils en soient purement et simplement expulsés. Dans plusieurs cas il n’y a que le représentant d’un seul parti politique. En complicité avec le scrutateur, les membres de bureaux de vote peuvent ainsi procéder à des pratiques malsaines et déshonorables en fraudant.
C’était flagrant ! Comment comprendre que des centaines d’extraits d’actes de naissances soient établies le même jour ? Il y en avait qui étaient datées de 2007 ! C’est pour dire que la fraude était organisée depuis longtemps. L’Administration est en cause, il est impensable qu’un maire signe un extrait d’acte de naissance qui n’est pas conforme. Les forces de sécurités (gendarmeries, polices) appelées pour constater ces délits n’ont rien fait. Des présidents des bureaux de vote sont complices de cette fraude. Même les agents de sécurité. Tous ces faits ont été amplement dénoncés dans les journaux. Ainsi, Ernest Lingani, coordonnateur des élections au PDP/PS déclare dans “Le Pays” n°3867 du 11 avril 2007 qu’il y aurait eu “la descente des valises d’argent dans les villages”. Mieux il a ajouté que “C’est une pratique courante mais qui a été amplifiée cette année”.
Le Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), le Mouvement burkinabé pour la justice sociale (MBEJUS) et la plupart des partis d’opposition demandent la reprise des élections au moins dans les provinces du Yatenga, du Houet et du Boulkiemdé. Le Réseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC) dénonce également de nombreux cas de fraudes.
Le Forum de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (FOSCAO), composée des représentants de 11 pays africains dont le Ghana, le Togo, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Cap-Vert, le Niger, le Bénin, la Gambie, le Sénégal, le Nigeria et le Mali a effectué du 3 au 8 mai 2007 une mission dans le souci de participer à la promotion de la démocratie et la bonne gouvernance en Afrique. Cette mission forte de 6 observateurs internationaux conduite par le Sénégalais Oumar DANGO, chef de la délégation et 50 observateurs nationaux issus des organisations de la société civile (OSC) du Burkina a couvert toute l’étendue du territoire national. Elle a observée des violences du côté de Ouahigouya dans la province du Yatenga. La mission est préoccupée de la faiblesse du taux de participation de l’électorat en général et la représentation des partis politiques dont la moyenne était de 7 par bureau de vote. Aussi, elle a relevé que le processus “a montré le déséquilibre en termes de moyens financiers des formations politiques en compétition”. Pour eux, il faut à l’avenir mener une réflexion dans ce sens.
Il faut souligner que le Yatenga et notamment Ouahigouya sont le fief du Président de l’ADF/RDA et que c’est dans cette région et cette ville que les fraudes ont été les plus massives afin d’empêcher l’ADF/RDA de passer. De ce fait la tension était très forte et n’eut été le sang froid du Président de l’ADF/RDA, la situation aurait pue dégénérer.
Les fraudes (transports d’électeurs d’une localité à une autre, confection de faux bulletins de naissance) et les achats de conscience sont les manifestations les plus visibles.
Les résultats provisoires donnent le CDP largement majoritaire avec 73 sièges sur les 111 à Pourvoir. Pour les 38 sièges restants, 12 partis politiques se les partagent à raison de : 14 sièges pour l’ADF/RDA, 05 sièges pour l’UPR ; 04 sièges pour l’UNIR/MS ; 03 sièges pour la CFD/B ; 02 sièges pour le PDS, le PDP/PS, le RDB, l’UPS ; enfin le PAI, le PAREN, le RPC, l’UDPS obtiennent chacun 01 siège.
Alors que pour les législatives de 2002, l ‘Assemblée sortante comptaient 57 députés du CDP et 54 appartenant à 12 partis de l’opposition.
Sur 4.466.354 inscrits, il a été enregistré 2.520.488 votants, soit un taux de participation estimé à 56,43%, 187.260 bulletins nuls et un total de 2.333.228 suffrages exprimés.
Recommandations
Il s’avère indispensable de :
– Procéder à la relecture du mode de scrutin et pour plus de transparence, lors des prochaines élections il faudra utiliser que les seuls documents d’identification portant la photo de l’électeur. Il est essentiel que chaque Burkinabé ait une carte numérisée avec sa photo pour pouvoir aller voter.
– Punir sévèrement et conséquemment tous ceux qui se rendraient coupables de fraudes électorales, de falsification de bulletins de naissance, de transfert d’électeurs d’un bureau à l’autre, d’intimidation, etc.
– Adopter une politique nationale rigoureuse de lutte contre la corruption et contre l’impunité,
– Renforcer les aptitudes des agents électoraux ainsi que celles des électeurs qui sont en majorité analphabète et ignorent généralement les enjeux d’une élection.
– Appliquer la loi sur la subvention des partis politiques qui concernent les partis ayant obtenus au moins 5 % des suffrages exprimés en vue de réduire le nombre de partis politiques qui dépassent 115.
– Se pencher sur le problème de la politisation de la chefferie, qui ne permet pas aux populations d’avoir une opinion contraire a celle du chef.
Translate »